T2 - L'immeuble
New York trilogie
pour 3 notes.
Romans Graphiques -
Eisner, William Erwin Couleur : <n&b>
Edition Delcourt - 09/07/2008
Collection Contrebande
EAN : 9782756009520 | ID-BDovore : 53497
Synopsis :
Après La Ville, premier tome dans lequel Will Eisner observe New York comme un tout vivant et fascinant, L’Immeuble rapproche un peu plus la caméra de son sujet pour suivre le récit fictionnel de quatre fantômes, anciens habitants d’un immeuble ressemblant à s’y méprendre au Flatiron Building, mythique immeuble triangulaire du coeur de New York. En fin d’album, Eisner nous ouvre également son carnet de croquis, drôle et malicieux.
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http://lacasebd.overblog.com/2014/04/the-building-will-eisner.html
Hello les amis,
Aujourd’hui j’ai l’esprit léger et le pas guilleret, un peu comme la floraison des cerisiers au Japon, car j’ai déterré pour vous un auteur figure de proue d’un renouveau bd aux US, j’ai nommé Will Eisner (ouais, rien que ça !).
Ne prenant que mon courage à deux mains je suis parti tirer les vers du nez de mon libraire, ce qui n’était pas une mince affaire vu son rhume, et j’ai déniché un « pas si vieux que cela » (1987) bouquin portant le nom de « Building ».
Pour la petite anecdote, Will Eisner est un gars genre bien mort (1917-2005) mais qui est devenu avec les années un pilier de l’art visuel de la BD américaine grâce notamment à une inventivité graphique en avance sur son temps, un style narratif unique et une vision des choses différente des us et coutumes de l’époque ; du coup il a été une inspiration pour pas mal d’auteurs underground et estampillé « bête de guerre » dans son genre. Il a même défini le concept du « roman graphique » tel qu’on le connait aujourd’hui c’est-à-dire des histoires bd sérieuses et pas forcément chiantes. Alors oui, aujourd’hui c’est presque du petit lait mais à l’époque les comics et bd avaient une connotation infantile et ça faisait un peu rétrograde quand un adulte un poil sérieux en lisait une (pointage du doigt, bonnet d’âne, ricanement, plumes et goudron, etc.). Bref, un auteur des plus célèbres outre-Atlantique à tel point que l’Oscar de la bande dessinée porte son nom.
On ne va pas se repasser tout son curriculum en vue mais si l’on doit retenir quelques œuvres notables du gaillard, je ne citerais que The Spirit, A contract with God, Fagin le Juif, The building et j’en passe.
The Building va nous téléporter à une époque où la longueur des jupes commençait à rétrécir et les pantalons à pinces étaient toujours à la mode ; nous voilà en plein sixties ! Quatre personnages complètement atypiques vont nous faire découvrir la vie d’un immeuble new-yorkais : un violoncelliste passionné, une femme infidèle éprise d’un poète, un homme aigri par l’argent ainsi qu’une personne ayant eu un traumatisme et qui s’est donné pour mission d’aider les enfants, voilà pour nos guides attitrés. Tous vont partager une histoire, leurs histoires ; parfois triste, mélancolique et avec des sursauts de joies ayant pour lieu commun : l’immeuble (The Building en VO) ; cet immeuble qui est justement l’élément central, et qui sera le témoin de cette tranche de vie, du temps qui passe et des liens entre les hommes. Un immeuble peut-il avoir une âme ?
Vous l’aurez compris, ici on ne cogne pas, pas de communistes en mal de destructions massives ni de terroristes palestino-indiens, et encore moins de tripes virevoltantes ne vous laissant pas le temps de faire marcher vos neurones. Au contraire, décapsulez une boisson gazeuse, respirez un bon coup et mettez-vous plutôt à l’aise sous la couette.
Visuellement c’est beau, sobre, agréable à lire et est un vrai plaisir à regarder avec sa mise en page hors-norme remplie d’audace graphique et au dessin épuré ; chaque planche est émouvante et emplie d’émotions et vous plongera dans le gris de l’existence comme un bon coup de pelle projetant du mortier dans les dents (désolé, c’est mon côté maçon qui ressort). Mitonné de second degré et d’un double niveau de lecture, vous verrez au fil de la lecture les cases s’effacer pour donner vie à cette histoire au thème humaniste et qui étudie le comportement humain et social sans pour autant porter un quelconque jugement, ni être moralisateur.
Non content d’être un excellent album se suffisant à lui-même, celui-ci fait partie d’une trilogie (The building est en fait le tome 2), et est composé de 80 pages nous montrant un instantané de la vie raconté avec une finesse poétique assez rare, à tel point qu’on le termine sans s’en apercevoir. Bref, c’est une lecture un poil étrange, qui sort des sentiers battus et qui est rafraichissante.
Au final, voici une œuvre intemporelle, originale et même novatrice vis-à-vis de tout ce qui sort actuellement et qui se résume trop souvent à un gros méchant, un complot et des boy-scouts qui sauvent la princesse à coup de semelle cloutée pointure 44. Alors, pardonnez mon hardiesse, somme toute pas subtile du tout, de vous suggérer la lecture de cette bd sous peine de passer à côté de quelque chose.
Si vous aimez les bonnes et belles BD avec une histoire intelligente qui vous ouvrira l’esprit, celle-ci est clairement pour vous !
C’était un immeuble. Un immeuble de coin. Plus de 80 ans sans problèmes, à l’intersection de deux avenues principales. S’il avait pu parler, il vous en aurait raconté des histoires, ce vieil immeuble.
Pourtant, un jour, on l’a détruit. Ben oui, fallait qu’il laisse la place à une nouvelle génération d’immeubles.
Mais quatre anciens habitants s’y retrouvent au pied, quatre fantômes d’ailleurs : il y a Gilda Green, Antonio Tonatti, Monroe Mensch et P.J. Hammond.
Et ces quatre fantômes nous font un peu participer, à leur manière, à quatre histoires tragi-comiques. Car, vivants, leur vie était liée à cet ancien immeuble. Fantômes maintenant, leur présence l’est avec ce nouveau building…
Un album au dessin noir et blanc. J’aime déjà. Et puis, c’est « du Eisner » ; un auteur qui –une fois de plus- fait preuve d’une grande finesse, fait montre d’un regard vif sur la société.
On passe d’une page à l’autre, admirant ce trait vif qui nous entraîne à la rencontre de ces quatre fantômes. Avec eux, par eux, on suit les entrelacs de l’âme humaine, de la pensée ; plongeant de bonne grâce dans quelque chose de malicieux, de touchant, d’amical aussi…
Ces gens qu’Eisner nous fait rencontrer sont irréels, oui, mais ne font-ils pas –en quelque sorte- partie de notre futur ?… donc de nous mêmes ?… Suivant ainsi la balade de cet « inventeur des sens » qu’est Eisner, nous nous rencontrons comme devant un miroir à deux faces ; celle d’avant et celle d’après.
C’est vrai, je n’ai pas tout compris. Eisner n’a pas la même vision des choses que nous, Européens… et inversement. Et c’est une partie du charme de cet album : « voir » quelqu’un d’autre, se projeter avec lui dans un moment de son œuvre, se laisser aller à ses visions. On n’en ressort pas « changé », non, mais on a vu quelque chose d’autre. Et ce « quelque chose » on ne peut que l’apprécier.